Riches pour Dieu

Riches pour Dieu

Entre l’étoile de Noël et l’aube de la résurrection, février est un mois difficile : nous manquons de soleil, nous avons hâte de voir arriver le printemps. Cette année une fois encore, l’actualité du monde renforce en nous ce sentiment de fatigue et nous plonge dans l’inquiétude. Nous avons envie de nous replier sur nous-mêmes, d’hiberner jusqu’aux beaux jours, ceux du calendrier ou ceux de l’actualité. Aurions-nous oublié Dieu et ses promesses ? Soyons honnêtes, nous vivons dans un monde d’abondance même s’il est vrai que le rêve de nos parents et grands-parents ne se réalisera pas. Heureusement pour nous ! Ce rêve de croissance à l’infini n’était pas fondé sur la lumière de Pâques, mais prenait racine dans le colonialisme, dans les inégalités entre le Nord et le Sud. La croissance était certes vécue comme illimitée, mais uniquement pour l’Occident ! Heureusement pour nous, ce rêve de puissance absolue ne se réalisera pas. Ce rêve me fait penser à la parabole du riche insensé dans l’évangile selon Luc (Lc 12, 13-21) Un homme riche a fait de belles récoltes et prévoit de construire de plus grandes granges pour amasser ses biens. Il se dit « et alors je pourrai me dire : “Tu as beaucoup de biens en réserve, pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois et fais la fête.”» Mais Dieu lui reprend la vie la nuit même. Et Jésus conclut la parabole ainsi : « Ainsi en est-il de celui qui amasse des trésors pour lui-même et qui n’est pas riche pour Dieu. » Être riche pour Dieu, voilà notre but. Nous sommes dans l’abondance par rapport à bien des humains. Si cette abondance nous permet de partager, alors nous sommes riches pour Dieu. La richesse n’est pas une fin en soi, elle est une joie parce qu’elle permet de soulager ceux qui n’ont pas cette chance. Certains parmi nous ne savent pas que faire de leurs richesses. Ne construisez pas des granges plus grandes. Soyez riches pour Dieu. Comme il a donné son fils au monde, donnez votre superflu à ceux qui ont faim. Certains parmi nous ont tout juste ce qu’il faut pour vivre. Pas de nouvelles granges pour vous. Pourtant, vous êtes riches, si vous l’êtes pour Dieu : riches parce que ce que vous ne manquez pas de l’essentiel. Riches si vous comptez vos bénédictions au lieu de vous lamenter de ne pas avoir autant que les premiers. Je n’ose pas imaginer que certains parmi nous n’ont pas assez pour vivre décemment. Si c’était le cas, vous seriez riches quand même : riches de frères et sœurs à qui vous pouvez demander de l’aide matérielle et à qui vous pouvez offrir soutien spirituel et petits services. Nous ne sommes pas entre la faible lueur de l’étoile de Noël et l’aube de la résurrection. Nous vivons à la lumière éclatante du Seigneur ressuscité. Nous vivons de cette certitude que le chemin qui nous attend nous conduit au Seigneur et qu’il nous y accompagne. Pas de pessimisme pour nous qui savons que si notre monde est loin d’être parfait, chacun de nous a le pouvoir de changer sa vision de ce monde en devenant « riche pour Dieu », attentif aux autres, acceptant de posséder moins pour que tous possèdent plus. Et peut-être même arriverons nous à le transformer, ce monde. N’avons-nous pas déjà reçu plus que nous ne pourrons jamais donner, un Seigneur qui nous aime et nous garde ?

Pasteure Anne Petit

Contact