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Il le regarda et il l’aima (Marc 10,17-22)
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Un homme riche ne trouve pas le chemin qui mène à Dieu, le chemin de la vie éternelle. Qu’entend-il par « vie éternelle ? » Vie après la mort ? Vie en communion avec Dieu dès aujourd’hui ? Il est certain qu’il ne possède pas cette dernière, inquiet parce qu’il pense ne pas en faire assez, ne pas assez bien faire. En cette période où nous faisons mémoire de la Réformation, nous pourrions alors nous rappeler Luther qui nous a expliqué qu’on n’en faisait jamais assez, que c’était humainement impossible mais que la question n’était pas là, Dieu nous aime malgré nos insuffisances. Certes, mais le doute continue de nous tarauder : comment faire pour bien faire ? Ou, plus souvent encore, culpabilité de ne pas avoir fait ce qu’il fallait, ce qu’on savait être appelés à faire en tant que croyants : refus d’accueillir celui qui est différent ou qui vient de loin, refus de se priver du superflu pour protéger la planète, refus de donner du temps tout simplement pour que le prochain se sente moins seul…
Se dire que tout cela ne sauve pas, c’est théologiquement correct mais est-ce une raison pour ne pas le faire ? En d’autres termes, cela ne nous assure pas la vie après la mort mais n’est-ce pas le chemin de la vie avec Dieu, celle dont manque cet homme qui rencontre Jésus ?
Ma petite-nièce m’a posé des questions sur Noël. Est-ce qu’il y avait vraiment un bœuf et un âne ? Est-ce que Jésus a vraiment existé ? Je lui explique que les histoires de Noël sont comme des poèmes pour raconter Jésus, dont on sait bien qu’il est né puisqu’il est mort. Raconter le Fils de Dieu, c’est difficile, puisqu’on ne peut pas vraiment dire ce qu’il est pour nous, si ce n’est qu’il est dans notre cœur. Or, si les histoires bibliques sont parfois compliquées pour ma petite-nièce, Jésus et Dieu sont dans son cœur, c’est une évidence pour elle.
Peut-être est-ce cela que nous n’arrivons plus à vivre…
Jésus le regarda et l’aima. La relation à Dieu est une question d’amour et pas de justice, une relation gratuite que l’on n’achète pas. Si Jésus demande à l’homme riche de se débarrasser de ses biens, ce n’est pas parce que cela lui vaudra quelque chose mais c’est parce qu’il est prisonnier de sa fortune. Preuve en est qu’il n’arrive pas à s’en défaire. Jésus l’aima. Réussir à vivre avec Dieu n’est pas nécessaire pour que Dieu nous aime. Il nous aime de toutes façons : quand nous vivons comme il le souhaite ou quand nous nous écartons de son chemin. Il nous aime. Mais sommes-nous vraiment heureux lorsque nous ne vivons pas l’amour qu’il nous donne ? Tous nos manquements n’ont-ils pas leur origine dans un manque d’amour ? Non pas manque d’amour de Dieu pour nous mais manque d’amour pour Dieu et les uns envers les autres. Pour marcher sur le chemin de la vie avec Dieu, ce chemin que l’évangéliste Jean appelle vie éternelle, ne nous faut-il pas tout simplement retrouver l’enfant qui sommeille en nous ? Cet enfant, sachant que « Jésus est dans son cœur » est capable d’une confiance totale en Dieu et en l’amour dont il est l’objet, de la part de Dieu comme de la part des humains qui l’entoure, confiance totale aussi en l’amour qu’il peut lui-même donner parce qu’il sait accepter celui qui lui est offert.
Pasteure Anne Petit